Frits Wentink – Live Fast, Dwayne Young

Frits Wentink

Chez Bolting Bits, on aime bien Wolf Music. En particulier, on adore Frits Wentink (alias Felix Lenferink, alias Steve Mensink), un des plus fiers emblèmes de la jeune scène House européenne, qui nous en met toujours plein les oreilles avec une esthétique souvent distordue, des samples triturés à foison et des synthétiseurs étrangement funky qui se distinguent toujours de la masse. Rajoutons à ça des percussion soigneusement arrangées, un style entraînant et doux proche de Max Graef (avec ces mêmes influences hip-hop évidentes), et on obtient l’une des figures les plus intéressantes à nos yeux de la House de 2015. C’est donc avec un intérêt tout particulier que, lorsqu’on apprend qu’il lance son propre label (du doux nom de Bobby Donny), on se met à l’écoute du premier disque, étape toujours cruciale et réussie haut la main de celle du maître.

Ce bel objet, intitulé Live Fast, Dwayne Young, livre 5 morceaux joyeux, pleins de spontanéité; une confiote de beats, fruit de jams au Juno 60, Rhodes et autres MPCs. On démarre avec fracas sur le titre presque éponyme Dwayne Young, ses percussions explosives et sa mélodie doucereuse qui pousse à la danse avant d’embarquer vers Rio, sorte d’instrumentale hip-hop aux relents de nostalgie, pleine de souffle, qui rappelle Flying Lotus ou Prefuse 73. Une pause nécessaire avant le délicieux Guacamole, aux samples judicieusement décousus et au groove implacable, respirant le soleil. Une recette familière, bien exécutée mais qui nous laisse un peu sur notre faim. Heureusement, on sent dès les premières notes du synthétiseur acidulé de Q&A que le bonhomme n’a pas fini d’en découdre. Des envolées lyriques et presque enfantines, un kick plein de puissance et un bon dub delay en arrière plan pour rajouter une texture particulière, le tout avec une joie de vivre qui fait chaud au cœur pour un résultat qui respire le fun. C’est donc avec un certain contraste que l’EP se termine sur Aquarelle, morceau qui porte bien son nom, tout en demi-teintes, mais qui résume bien l’ambiance générale du projet, toujours enfantin, toujours nostalgique, mais avec un entrain et une passion certaines, une atmosphère d’euphorie teintée de mélancolie, qui saisit le corps (et le cœur) pour ne plus le lâcher.

En bref: une vraie réussite à nos yeux certes peu objectifs, Live Fast, Dwayne Young reste une écoute intéressante pour les non-passionnés de House, d’une part pour son fort potentiel dansant, mais d’autre part parce qu’il représente très bien ce renouveau d’une esthétique lo-fi, totalement décomplexée mais centrée sur la danse et le fun, qui fait en ce moment fureur chez les jeunes producteurs européens (aux Pays-Bas donc, du côté de Berlin bien évidemment, mais aussi à Paris avec notamment notre Neue Grafik adoré). Disponible dès maintenant donc, en vinyle et digital.


Écrit par : Sébastien Lulin